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Des plantes sacré(es)ment utiles

« Tenez, c’est de la Muña, vous la frottez dans vos mains et vous respirez, c’est bon contre le mal d’altitude« . Nous sommes au beau milieu des montagnes au bord de la vallée sacrée et aucune plante n’échappe au regard de Rosalio, originaire du petit village traditionnel de Patabamba. On s’exécute de bonne grâce,  une odeur puissante de verdure nous emplit les narines et dégage nos poumons. « Je connais environ 25 plantes médicinales, je les ai appris par mes parents« , et ses parents par leurs propres familles et ainsi de suite pendant des générations.

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Dans les communautés, ou petits villages, tout le monde connaît son lot de plantes médicinales, comme Rosalio.

Les communautés andines qui vivent dans les montagnes se soignent avec les plantes, un moyen naturel qui fait ses preuves depuis des siècles. Là-haut, à chaque repas, on boit le « maté » (l’eau courante n’étant pas potable), dedans, au choix : manzanilla pour bien dormir, paico pour les douleurs d’estomac, torongil pour les rhumatismes et la célèbre feuille de coca.

Une plante controversée
À leur arrivée, les espagnols ont tenté de bannir l’usage de la feuille de coca, jugée diabolique par la dévotion que lui consacraient les Incas. « C’est une plante très sacrée,  elle est utilisée pour parler avec la montagne sacrée ou faire une offrande à Pachamama« , explique Rosalio. Ainsi, avant de travailler la terre, de tisser ou de commencer toute autre activité en rapport avec la nature, les péruviens fidèles à la tradition parlent à la montagne avec une feuille de coca, avant de la manger. « Au Machu Picchu, il y a un jardin inca avec des plantations de coca« , ajoute même Rosalio, comme pour souligner l’aspect sacré de cette plante. Médicalement, elle est utilisée pour les maux de ventre, le mal d’altitude… à peu près tout en réalité.
« C’est plus tard que ça a dérapé. Les Américains ont voulu contrôler les plantations et des cartels sont arrivés de Colombie pour mettre la main sur la coca et la transformer en cocaïne« , raconte Juan Pablo, qui a étudié des années durant les différentes plantes médicinales du pays. Ces puissants cartels paient les agriculteurs pour leur fournir ce dont ils ont besoin « la corruption fait le reste« , conclut-il. Autant dire qu’il est inutile de tenter d’en emporter quelques feuilles en quittant le pays. En France, la coca est classée comme stupéfiant et donc interdite. Une chose qui paraît presque incongrue au Pérou, dont les habitants ont toujours vu les vertus de cette plante sacrée.
Un savoir aux origines inconnues

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Infection urinaire, rhumatismes, problème aux poumons, reins ou cœur, ici la solution est toujours trouvée dans la nature.

Il n’est pas dit que cette transmission orale sur l’utilisation des plantes trouvées dans la nature viennent des Incas. Ce savoir est-il pré-incas ? Personne ne le sait avec précision. Peut-être est-ce une histoire similaire à celle des amérindiens,  qui ont découverts les propriétés des plantes de la forêt grâce aux animaux qui y vivaient. Ils appelaient d’ailleurs l’ours « le pharmacien de la forêt ». Malgré tout, les connaissances perdurent depuis des siècles, sans qu’aucun écrit n’ait été produit jusqu’à récemment.

Une chose est sûre : selon la région dans laquelle vous vous trouvez au Pérou, les plantes ne seront pas utilisées de la même façon. À y regarder de plus près,  certains noms semblent familiers : comme l’Eucalipto (eucalyptus) utilisée contre la toux, ou l’arnica pour les hématomes ou encore la pensamiento (la pensée) pour les problèmes de coeur. Aucune fleur ou plante n’est laissée au hasard, même les stigmates du maïs (sortes de cheveux qui l’entourent) sont utilisés pour les reins.

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Dans la vallée sacrée, les marchés regorgent d’étalage de plantes, à 1 sole le sachet.

Lorsque l’on quitte les montagnes et que l’on retourne dans les « grandes villes » comme Cusco ou Lima, ce sont plutôt les pharmacies qui fleurissent au coin de la rue. Mais si vous cherchez bien, il se pourrait que vous trouviez dans un recoin d’un marché,  un étalage proposant différentes sortes de plantes médicinales. Elles auront été fraîchement cueillies à quelques heures de marche de là…

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