La Norvège, ce pays aux forêts immenses, ses montagnes aux neiges éternelles et ses fjords que parfois, les baleines traversent. Des paysages pareils, forcément, ça respire la vie. Au détour d’un rocher, dans le recoin d’une forêt, une forme sombre se déplace en silence. C’est de cette imagination renfermée dans les esprits d’enfants que naissent les contes de fées.
Ceux qui ont été contés générations après générations aux petits norvégiens ont été écrit par Per Christian Asbjørnsen et Jorgen Moe. Ils se sont inspirés des frères Grimm ou encore de leur voisin Andersen. Les premiers écrits apparaissent vers 1840 et renferme l’essence du folklore norvégien : histoires de farfadet, lutins… mais surtout des trolls. Une créature qui vit dans de nombreuses légendes à travers le monde mais qui semble particulièrement prospérer en Norvège.
D’où viennent-t-ils ? De quand date les premiers récits rapportant leurs histoires ? Difficile à dire. Peut être sont-ils apparus à l’ère Viking, car leurs aventures sont contées à la manière des sagas nordiques. La prépondérance de la nature chez ces créatures de contes de fées laisse entrevoir cette possibilité. Les Vikings vénéraient la nature et pouvaient ainsi rendre hommage à ses esprits. Comme les esprits des cascades, que l’on retrouve dans les contes de fées de Asbjørnsen et Moe. Les trolls ont en tout cas passé l’ère chrétienne puisque les contes les mettent en scène avec des religieux. Une des plus célèbres légendes de troll prend d’ailleurs place à l’époque du Roi Olav, qui a christianisé de force la Norvège.
On raconte que le Roi promit la Lune et le Soleil à un troll s’il bâtissait une église en une semaine. Persuadé que la créature n’y parviendrait pas, quel ne fut pas son embarras de constater l’avancée rapide des travaux. Au cours d’une promenade pour trouver une solution, le Roi entendit de manière fortuite des trolls parler entre eux et il comprit qu’il venait d’apprendre le nom de celui avec qui il avait conclu le pari. Sachant désormais quoi faire, Olav retourna sur le chantier et au moment où le troll s’apprêtait à poser la dernière pierre, il l’appela par son nom. Ce dernier se transforma alors en pierre et chuta du toit de l’église. La légende raconte que lorsque le bout de la pierre atteindra la nef, ce sera la fin des temps. D’ailleurs, les moines auraient régulièrement taillé le sommet du mégalithe afin d’empêcher cette prophétie de s’accomplir !
Pourquoi les trolls sont-ils donc si intimement liés avec le patrimoine culturelle de la Norvège ? Selon Odd Hølaas dans son livre écrit en 1974 « les trolls en Norvège » : « le troll incarne l’esprit naturel de la Norvège. Il est la forêt et la montagne en mouvement. Il est le symbole de notre peur de la nature« . Aujourd’hui, s’ il est peut-être moins présent dans les esprits, il l’est à coup sûr dans les boutiques ! Véritable incarnation du folklore du pays, la créature brune, au visage cabossé et un peu benêt se décline de toutes les manières. De la tasse à café à la statue géante sculptée en bois, le troll est partout, sans que nous, visiteurs de passage, ne sachions réellement pourquoi…