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Le conflit irlandais : une guerre d’indépendance et de religions

L’île d’Émeraude attise les convoitises depuis des siècles.De nombreux peuples voulurent mettre la main sur ce qu’elle avait à offrir. Mais à travers l’Histoire, les celtes et les gaëliques irlandais surent montrer leur ténacité et leur aspiration à l’indépendance.

Les Vikings voulurent s’en emparer dès 790 après Jésus-Christ. Mais plutôt que de se laisser transformer par une culture étrangère, les celtes réussirent à assimiler les envahisseurs à la leur.

Près de 300 ans plus tard, ce sont les anglo-normands qui débarquent sur les terres irlandaises avec Richard de Clare, sur demande de la couronne d’Angleterre qui a accepté de venir en aide au roi d’Irlande déchu, y voyant un moyen de s’emparer du pays. Mais encore une fois, la force de la civilisation celtique s’exerça sur les esprits.

Dans les siècles qui suivirent, les normands s’intégrèrent de plus en plus à la culture régnante, déclenchant les foudres de la couronne. A tel point qu’en 1366, les statuts de Kilkenny sont votés au parlement irlandais. Ils interdisaient notamment aux colons de porter les vêtements traditionnels du pays, de parler son langage ou d’utiliser les lois de Bréhon (lois qui régissaient le pays depuis l’ère pré-chrétienne). Ils ne furent cependant jamais réellement respectés… malgré quelques tentatives de les imposer par la force.

Un conflit qui traverse les âges

En 1484, Henry VII, décidé de mettre un point final à la menace irlandaise, envoya dans le pays un nouveau vice-roi : Sir Edward Poynings. Ce dernier se chargea d’imposer la loi de Poynings, ayant pour but de forcer l’Irlande a obéir à la Couronne.

C’est en 1531 que se situe l’élément déclencheur d’un conflit qui ne connaît encore aujourd’hui pas réellement de fin. Henri VIII réforme l’Angleterre en se séparant de l’Eglise de Rome et devient protestant. Il souhaite étendre ses nouvelles croyances à ses colonies, l’Irlande notamment. C’est à ce moment précis que la Couronne cherche à prendre le contrôle de l’île pour de bon. Mais le peuple irlandais ne voit pas d’un très bon œil que l’on cherche à réformer son église, les soulèvements armés vont alors se succéder.

1595, Hugh O’Neill rallie plusieurs chefs de clans gaéliques d’Ulster pour combattre l’oppresseur anglais. L’Ulster échappait à l’époque tant bien que mal à l’anglicisation du pays… paradoxal lorsque l’on sait que l’Ulster est, principalement, l’ancienne Irlande de Nord. Est née alors la guerre de neuf ans contre l’armée d’Elizabeth I. Une guerre qui verra la défaite et la fuite des chefs de clans gaéliques.

Le XVIIe siècle marque l’arrivée d’Oliver Cromwell en Irlande. Une figure encore aujourd’hui peu appréciée par les irlandais, qui voient en lui un tyran qui persécutait les catholiques. Il est envoyé en Irlande en 1649 pour soumettre le pays à la Couronne. Il met fin à une guerre d’indépendance initiée alors que l’Angleterre subissait une guerre civile. « Les difficultés de l’Angleterre sont les opportunités de l’Irlande » fut la maxime qui conduisit les irlandais au combat les siècles qui suivirent également. En seulement un an, le Lord Protecteur s’assura de mettre la population à genoux, avant de repartir pour l’Angleterre. Quelques décennies plus tard se déroule la bataille de Boyne, une guerre des trônes qui fut un élément clé dans la défaite des irlandais face aux anglais. Au terme de ce nouveau conflit, les protestants eurent l’ascendant sur le pays un siècle durant.

Il faudra attendre le XXe siècle pour que des combats plus décisifs pour l’indépendance du pays aient lieu. En 1916 a lieu le soulèvement aujourd’hui connu sous le nom de « Easter rising ». Il dura moins d’une semaine. Une semaine au cours de laquelle les sept leaders du mouvement, signataires de la proclamation du gouvernement provisoire de la République d’Irlande, furent arrêtés. Avec eux, des centaines de volontaires, principalement des femmes. Beaucoup d’hommes avaient été mobilisés pour prendre part à la première Guerre Mondiale. Même s’il s’agit d’une tentative ratée, elle resta ancrée dans les esprits, notamment car l’un des leaders, James Connolly, fut exécuté en étant… attaché à une chaise. En effet, blessé lors de son arrestation, son exécution fut repoussée le temps qu’il soit soigné. Mais la gangrène s’empara de sa blessure et les autorités décidèrent de faire une exception, pressées de le voir disparaître.

Trois ans plus tard, en 1919, nait la guerre d’indépendance que l’on connaît. De ces combats résultèrent en 1921 à la signature du traité de Londres, qui partitionna le pays. L’Ulster devint l’Irlande du Nord et fut rattaché au Royaume-Uni, tandis que l’Eire se créait.

Mais le conflit ne prit pas réellement fin en 1921 et une guerre civile débuta. Elle opposa l’armée nationale d’Irlande (INA) -en faveur du traité- à l’armée républicaine irlandaise (IRA) -anti-traité.  Si elle dura à peine plus d’un an, elle eut de lourdes conséquences : 4 000 morts et une légère modification du tracé de l’Irlande du Nord, incluant désormais des zones où les nationalistes sont en nombre. Elle marqua également le début d’une division au sein d’un peuple qui se faisait autrefois qu’un.

Il faut attendre 1998 pour qu’un nouveau pas soit fait vers la paix, avec l’accord du Vendredi saint qui prévoit le partage du pouvoir entre protestants et catholiques dans des institutions semi-autonomes. Mais courant des années 2000, des militants de l’IRA continue de protester. Ce partage du pouvoir prévu par l’accord du Vendredi saint n’est réellement enteriné qu’en 2007.

Une rupture qui se ressent encore aujourd’hui. Des irlandais témoignent que les tensions entre les deux pays qui partagent un même territoire, s’apaisent à peine. « Certains se sont même demandés si le résultat du référendum écossais n’avait pas été truqué. Si l’Ecosse devenait indépendante, tout le monde savait que l’Irlande du Nord était la prochaine sur la liste« , nous a-t-on même confié. Un conflit sans fin, aux airs de guerre de religions sur fond de désir d’indépendance.

 

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